une place pour chacun face à la maladie

 Nathalie Beylot-Layens art-thérapeute fondatrice dirigeante de l’Ecole des Métiers de la Créativité Bretagne. 

 

"5 èmes Rencontres "Psychologues en gérontologie"

 L’occasion était là d’aller plus loin pour découvrir cette jeune spécialité de neuropsychologue à travers ses différents lieux et modes d’exercices. Comment les neuropsychologues, dans le champ de la clinique, s’identifient-ils ?

Mais aussi comment cette nouvelle spécialité vient bousculer une nouvelle fois l’identité de la psychologie, toujours en mouvement à l’aune de son histoire ?

Y-a-t-il opposition systématique entre la recherche d’objectivation et la subjectivité psychique,ou bien plutôt une complémentarité ?

Les complémentarités sont aussi patentes dans l’accompagnement des personnes qui souffrent de troubles cognitifs et de leurs proches. Diverses orientations se côtoient qui offrent un panel de réponses à des situations diverses et complexes dont les proches aidants sont si souvent la pierre angulair

 

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mon intervention : 

Parler de complémentarité de ma place d’art-thérapeute est une réelle opportunité. Un métier émergeant, de plus en plus reconnu, il reste néanmoins à être clarifié dans ces pratiques. Il est trop souvent encore amalgamé à toutes activités d’animations, occupationnelles faisant du bien.

J’en profite pour préciser ici, le fait que l’art-thérapeute est assimilé à un professionnel de la santé. L’art-thérapie est un soin renfort qui se pratique en équipe pluridisciplinaire et professionnelle.

Ma présentation a pour objectif d’aborder cette question de place de la personne, de la maladie, du et des professionnels, de nos complémentarités et ce qu’elle peut mettre en œuvre.

Je l’ai pensé comme une artiste en création, en osant expérimenter et explorer une autre façon de vous faire part de ma réflexion et mes questionnements.

Le titre de la thématique de cette après-midi « face à … la maladie » m’a laissé perplexe dans sa formulation. Je suis quelqu’un de visuel et l’image qui me vient alors est « nous, debout face à cette maladie à réfléchir à cette question de place ». Pour aborder cette question, Je passerais par tous les stades d’un processus de création pour produire et communiquer sur ce sujet.

La 1ère étape, le « saisissement créateur » me donne l’occasion, de manière transversale de vous parler de créativité et de création qui sont mis à l’œuvre lors d’un accompagnement en art-thérapie.

Ce préalable donne « naissance à une idée », celle de comment introduire cette question de place. Nous arrivons à ce stade « Eureka » suivie de la « Composition de l’œuvre » où je passe de l’idée à élaboration et mise en forme de ma penser pour vous la transmettre. Ce mouvement est un processus que nous art-thérapeute nous nous efforçons de favoriser chez les personnes que nous accompagnons.

Face à ce titre voilà ce qui me traverse : Mais de quelle place parlons-nous ?   D’où parlons-nous ? Mon intuition, me dirige vers une mise en scène de cette place, de ces places, celle de la maladie, de la personne malade, du professionnel.  Cette mise en scène veut montrer l’importance de penser la personne et les places de chacun, même celle de la maladie. Il est important de porter notre regard sur ces « chacun » et de mettre au centre la personne, car il n’y a pas de maladie sans cette personne.  

La maladie ne peut exister que parce que le sujet est vivant.  

Les questions que je me pose alors dans la configuration où nous sommes « face à la maladie » sont : où se trouve la personne ? où notre regard porte-t-il son attention si nous sommes face à la maladie ? où est le professionnel, où sont les professionnels ? en face, à côté, derrière, de quoi, de qui… Toute la question est de savoir trouver une place pour tous pour mettre en jeux un ou des facteurs favorisants, un ou des leviers facilitateurs d’un processus de soin.

La personne face à sa maladie, Comment peut-elle y faire face ? comment peut-elle avancer si elle ne peut voir que la maladie ? Comment ne pas être sidérer par cette vision ?

L’art-thérapeute est un accompagnateur, qui créer les conditions favorables à l’acte créateur pour favoriser l’élan vital, la mise en mouvement, sortir de cette sidération, changer d’angle de vue, « transformer » son regard, son rapport à soi, à la maladie et aux autres.

Cet accompagnement nécessite d’être à coté, dans une juste présence à l’autre.

Pour l’art-thérapeute, le face à la maladie est donc difficilement pensable tel quel et vous allez comprendre pourquoi grâce à cette histoire de la stratégie de détour. Stratégie que l’art-thérapeute met en œuvre dans ces dispotifs.

 

STRATÉGIE DU DÉTOUR[1]

Il était une fois, méduse divinité mortelle à la beauté sublime, tellement fière de sa beauté et de ses cheveux qu’elle osa rivaliser avec Athéna déesse de la justice et de la guerre.  Erreur !!!!! Celle-ci pour la punir et se venger de cet affront la transforma en vision d’horreur, en splendeur terrifiante aux cheveux grouillant de serpent et au regard qui pétrifie. Méduse devient méduse gorgone.

Méduse symbolise la peur, la souffrance, le mal être, la maladie, les nôtres et ceux du monde, elle est en nous, autour de nous, elle est ce qui nous pétrifie.

La combattre, en la regardant en face, elle nous pétrifie. Le combat en direct est donc inégal, car son pouvoir est tout puissant,

Alors que faire ? Car ce qui fait mal est bien plus grand et plus fort que nous, et nous fragilise, et peut nous mener à l’aliénation,

Bien souvent nous n’avons plus la force d’agir et nous nous laissons agir.

Pour autant le combat est-il perdu d’avance ?

C’est sans compter sur une ruse extraordinaire que nous utilisons nous art-thérapeute : la stratégie du détour

Et L’exemple nous en est donnée par Persée. Persée ce héros grec qui s’est donné comme mission de tuer la gorgone méduse et d’en ramener sa tête.

Comment s’y prend -il ? Persée sait qu’il ne pourra combattre seul le monstre, aussi va-t-il faire appel à d’Athéna déesse de la justice et de la guerre.

Mais celle-ci ne sera pas présente au combat. Elle y participera qu’indirectement grâce à son bouclier d’argent qui tel un miroir est un support à réflexion. Elle le mettra entre Persée et la méduse.

Ainsi Persée va pouvoir combatte méduse gorgone en étant protégé sans avoir besoin de regarder son ennemi en face. Quant à Méduse lors du combat méduse, elle va croiser son reflet dans le bouclier d’argent et va se pétrifier elle-même

Ainsi Persée pourra la décapiter sans danger.

Ainsi nous pouvons constater que 5 éléments sont en présence lors de ce combat :

  • Un héros Persée, qui est la personne malade
  • Un monstre ennemi la gorgone méduse qui représente la maladie, la souffrance, ce qui fait peur, qui fait mal, ce qui rend malade que cela vienne de l’extérieur ou de l’intérieur.
  • Une allié Athéna, qui représente ici l’art-thérapeute et pourquoi pas, par extension, le médecin, le psychologue, neuro psychologue…. Ou tout autre professionnel de la santé.
  • Le bouclier d’argent représente ici la stratégie de détour grâce au processus de créativité et de création artistique qui permet de protéger, de respecter l’écologie interne et externe de la personne, en permettant de faire, de se me mettre en mouvement, de sortir de la torpeur qu’entraine la maladie.
  • Et un 5ème élément : l’élan de vie, le désir, l’envie, sans quoi n’existerait pas, ce moment où Persée décapite gorgone

Nous pouvons constater, que la place de ces 5 protagonistes a un rôle et une fonction bien déterminé. Grâce à la spécificité des 4 éléments, pour combattre gorgone, à leur mise en relation, la complémentarité peut alors œuvrer.

En tant qu’art-thérapeute, je considère être face à une situation complexe qui demande une complémentarité dans l’accompagnement à la fois multidisciplinaire et multi-dimensionnelle.

 

 

La complémentarité une voie vers une approche complexe de l’être malade, mais de quelle complémentarité parlons-nous ?

Notre rôle et place sont justement stratégique et nécessite de dépasser ce que la science spécialisatrice à induit.

Notre complémentarité ne peut se faire qu’à partir du moment où nous nous attachons à avoir une pensée complexe telle que le définit Edgar Morin. Sociologue, philosophe, il développe cette idée auquel j’adhère et que j’essaye d’incarner ici avec vous ainsi qu’en tant art-thérapeute et fondatrice de EMCB qui développe cette particularité.

Des savoirs à priori antagonistes lorsqu’ils sont mis en lien et regardés dans leur contexte global de toutes les places, de toutes les temporalités, en acceptant de ne pas en cerner leur frontière de façon rigide, fermée, isolée, permet d’appréhender, de mettre en lien en relation des éléments composant notre environnement et les situations, d’avoir une vision complémentaire, plus complète, qui se différencie d’une approche spécialisatrice.

 La spécialisation des savoir scientifique, humain nous a permis de faire des découvertes, des progrès, d’innover. Mais l’effet disjonctive de cette voie a eu tendance à nous mener vers une vision parcellaire de la connaissance et compréhension d’une situation. Car chacun parle, décrit propose de sa place …oubliant quelque fois l’être dans toute sa complexité, dans son unicité, dans sa globalité dans un ensemble relationnel.

L’enjeu actuellement est de dépasser les effets disjonctifs liée au « paragdyme de simplification » p18[2] qu’évoque Edgard Morin qui a modelé nos modes de pensées, pour croiser nos compétences et aller vers une complémentarité de nos savoirs, de nos compétences vers du Co-constructivisme.

Cette vision nous permet de penser la complémentarité en prenant en compte les phénomènes dans leur entièreté.

Pour l’art-thérapeute l’enjeu est justement d’incarner cette pensée et place complexe, de sortir de ce paragdyme séparant le physique, le biologique et le psychique, l’être social pour accompagner, inviter la personne à guérir. Je dois donc prendre en compte l’ensemble, de la situation dans son environnement global.

Tout l’enjeu se situe dans cette complémentarité de nos compétences, de nos places, pour penser autrement une personne malade, d’entendre et écouter la connaissance spécialisatrice de chacun y compris du malade. La connaissance parcellaire doit être entendu, non pas comme un fondement unique à opposer mais comme l’expression d’«un moment entres des complexités » (p27)[3]

Vous comprendrez bien, ma démarche face à ce titre riche de piste d’exploration, qui nous donne à réfléchir sur nos places à la fois dans nos connaissances spécialisatrices et dans nos complémentarités à mettre en place.

Je terminerais par ceux-ci : pour être dans cette complémentarité il nous faut faire ce pas, vers la rencontre des autres disciplines et toute personne en lien avec la situation. Et pour ce faire comme le souligne si bien Edgar Morin, « la reconnaissance de la complexité humaine est liée à l’empathie ».

Sans notre complémentarité et notre empathie nous ne pouvons innover, repenser nos pratiques, les faire évoluer, grandir pour un pratique au cœur de l’humain.

 

 

[1] Inspiré de Nicole Depagniat Artiste plasticienne Art-Thérapeute

[2]  Introduction à la pensée complexe » (2005 – Paris : Seuil)

[3] Introduction à la pensée complexe » (2005 – Paris : Seuil)

 


Il y a 3 ans vous embarquiez avec moi pour l'aventure de l’école des métiers de la créativité Bretagne. 

Depuis 3 ans vous avez soutenu, suivi, vécu de près ou de loin l'aventure EMCB

 

3 ans plus tard toujours là et plus que jamais Là...

 

L'EMCB n'est plus nomade.

L'EMCB s'installe dans ses locaux au 1 bis avenue Baron Lacrosse Gouesnou à la Zone d'Activité de Kergaradec.

 

J'ai l’honneur et le plaisir vous accueillir le Vendredi 25 Janvier 2019 pour inaugurer ce lieu. 

 

Inauguration des lieux, mais aussi l'occasion de célébrer les premiers Diplômés validant des parcours de formation d'Animateur à médiation Artistique et d' Art Thérapeute.

A cette occasion, conférence, expositions d'artistes plasticiens, concert seront à l'honneur.

 

Le Samedi 26, la journée sera dédiée à des échanges, point info sur les formations, à des ateliers que vous pourrez venir découvrir lors de la porte ouverte. Un programme détaillé vous sera communiqué prochainement.

 

Pour organiser au mieux ces deux journées, il est recommandé de nous informer de votre présence. cliquez ici 

 

J'en profite pour vous souhaiter une merveilleuse année 2019.